Según el favor del viento
Violeta Parra chante.
Le folklore chilien lui doit des nombreuses oeuvres, toutes teintées du sentiment populaire qui se reflète si bien dans se paroles. La poésie de la campagne du Chili à travers la voix de Violeta Parra. Ses enfants Isabel et Angel Parra vivent encore en France. Son frère Nicanor Parra est un célèbre Poète que je vous ferai connaître plus tard, à travers de l'un de mes articles.
Selon la faveur du vent
va naviguant le bateau chargé de bois,
les cabanes sont restées derrière
pour entrer dans le port:
courre vers le Sud ou le Nord
la petite barque gémissante, je pleure,
selon la faveur du vent je m'en vais.
Du Nord vient le pellín(1)
qui rougeoie sur le pont,
il faudra le vendre à Castro
même si la pluie fait rage,
ou si le soleil d'en haut brûle
comme un enfer sans porte, je pleure,
ou si la mer est démontée, je m'en vais.
Dans un coin de la barque
bout la marmite,
d'un côté, pelant des pommes de terre
les mains d'une femme de l'île,
c'est peut-être la mère de l'Indien,
ou sa soeur ou sa compagne, je pleure,
ils naviguent des lunes entières, je m'en vais.
En suçant son maté
ou son poisson séché,
recroquevillé dans sa barque
l'homme de l'île médite,
il ne sait pas qu'il existe un autre monde
de satin et de velours, je pleure,
qui se moque de l'hiver, je m'en vais.
Ce n'est pas une vie que celle du Chilote(2)
il n'a ni instruction ni recours
ses pieds portent des tamangos(3)
et son corps se nourrit de milcao(4) et de piment,
il a le pellín pour se réchauffer
du froid des gouvernements, je pleure,
qui lui brisent les os, je m'en vais.
Réveillez-vous, l'homme, réveillez-vous,
réveillez-vous un moment,
réveillez-vous toute la patrie
avant que s'ouvrent les cieux
et que vienne le tonnerre furieux
avec la trompette de Saint Pierre, je pleure,
balayez les ministères, je m'en vais
Les Chilotes sont en noir
au-dedans plus qu'au-dehors,
avec leur assiette d'espérance
et leur couverture de ciel,
demandant à la montagne
leur pain amer de seigle, je pleure,
selon la faveur du vent, je m'en vais.
Je voudrais mourir en chantant
sur un bateau chargé de bois
et cultiver dans ses eaux
un livre plus justicier
qui dise en lettre d'or
il n'est pas de père pour l'homme de l'île, je pleure,
ni de vent pour son bateau, je m'en vais.
1) Espèce de rouvre en bois dur et imputrescible utilisé dans la construction.
2)Habitant de Chiloé, province du Sud du Chili.
3) Sandales de peau.
4) Pain de pomme de terre.
Pour les paroles en espagnol écrire à: re.arcoiris@gmail.com